VENDREDI 21 juillet – Espace des Dominicains

 

 

 

 

20h30 Concert exceptionnel du Quatuor Mycélium

Minori Deguchi violon ;

 Sophie Pieraggi ;  Jeanne-Marie Raffner alto ;  

Maguelone Carnus-Gourgues violoncelle

 

 

 

Le quatuor à cordes est sans aucun doute la forme la plus parfaite de l’écriture instrumentale : l’équilibre entre les quatre voix a suscité l’intérêt des compositeurs qui en ont fait un  terrain de recherches, d’audaces et d’expériences. Ecouter un quatuor à cordes en direct est à coup sûr un moment saisissant. Le quatuor Mycélium propose un récital composé de quatuors peu connus, des petites pépites à découvrir !

 

Programme 


  • Quatuor opus 5 n°1 de Pierre Vachon (édité à Londres autour de 1775) 
  • extraits du Quatuor Scientifique d’Anton Reicha (créé à Vienne en 1806, rapporté à Paris en 1808) 
  • Petits rêves d’enfants pour quatuor ou orchestre à cordes de Théodore Dubois (Paris, 1903) 
  • Quatuor opus 56 n°30 de Georges Onslow (Clermont Ferrand / Paris, 1834, publié à Leipzig en 1835) 
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QUATUOR MYCELIUM

 

Formé en 2017, le Quatuor Mycélium est né d’une rencontre entre quatre étudiantes du CNSMD de Lyon, passionnées de musiques anciennes et partageant la même envie de jouer le répertoire classique et romantique sur instrument d’époque.
Notre ensemble est animé par le désir de proposer au public une interprétation « historiquement informée » (pourtant plus vivante que jamais!), de faire partager et briller les musiques des XVIIIe et XIXe siècles, tout en restant au plus proche des sources originales.
Notre recherche esthétique et sonore s’appuie sur la connaissance des traités d’époque et l’utilisation des manuscrits, plaçant ainsi l’interprétation historique au cœur de notre travail. 

Le choix des instruments (instruments et archets de facture ancienne, cordes en boyaux), d’une musicalité et d’un état d’esprit adaptés à la période de composition de l’œuvre, nous amène à la redécouverte des textures sonores de l’époque.


En 2020, notre quatuor intègre le master de musique de chambre du CNSMD de Lyon. Ce cursus nous donne la chance d’être suivies par des professeurs tels qu’Odile Édouard, Emmanuel Balssa au sein du département de musique ancienne, ainsi qu’Agnès Sulem et Fabrice Bihan au sein du département de musique de chambre.


Dans une volonté d’élargir nos horizons et d’enrichir notre vision artistique, nous participons à de nombreuses masterclass données par des chambristes issus de toutes les traditions musicales, du baroque au contemporain (London Haydn Quartet, Erich Höbarth, Quatuor Mosaïques ; Frédéric Aurier, Quatuor Béla ; Xavier Gagnepain, Quatuor Rosamonde… ou encore Julien Chauvin, du Concert de la Loge et Hidemi Suzuki).
Portées par cette démarche philosophique et musicale, nous avons à cœur de toucher un public le plus diversifié possible.

Le quatuor à cordes

Le quatuor à cordes, formation quasi-universellement connue aujourd’hui, ne naît pourtant qu’au cours de la fin du XVIIIème siècle. Pierre Vachon, né en 1738 en Avignon et mort en 1803, connut donc l’essor de cette formation destinée à devenir un exemple d’équilibre musical et fut un des premiers compositeurs français à lui consacrer de nombreuses pages. Ses pages de titres, Quartettos for two violins, a tenor and bass utilisent d’ailleurs une appellation obsolète dénotant du caractère encore assez inédit de cet effectif. Après s’être formé et fait largement connaître en France, Vachon séjourna en Angleterre, se produisit en public en tant que soliste au violon et en musique de chambre, probablement à l’alto, dans les fameux salons alors en vogue, en compagnie de musiciens célèbres comme Cramer ou Giardini. C’est durant cette période qu’il fait publier ses quatuors à Londres ; il y développe une écriture très claire et hiérarchisée, où trois instruments aux rôles distincts soutiennent un premier violon chantant, presque soliste. Ce type d’écriture perdurera dans nombre des compositions de jeunesse de ses collègues plus connus, comme W.A. Mozart ou J. Haydn. Appelé ensuite à la cour princière en Allemagne puis en Prusse, il terminera sa vie à Berlin, ayant profité de multiples échanges artistiques avec de multiples artistes européens et ayant lui-même contribué à diffuser le style des orchestres français, notamment du très renommé Concert Spirituel.

 

Anton Reicha a suivi le chemin opposé ; né à Prague en 1770, il se forme auprès des plus grands musiciens de son temps : l’allemand L.v. Beethoven, le vénitien Antonio Salieri, l’autrichien J. Haydn. Fuyant l’armé française qui occupe la Rhénanie, il vit quelques années à Hambourg, puis à Vienne avant d’émigrer en France. Il a alors dans ses bagages bon nombre de compositions déjà reconnues en Bohème, son pays natal, et notamment un livre de 36 fugues pour clavier dont il a réutilisé le matériau pour élaborer son Quatuor Scientifique. Malgré une réception de son travail plus froide à Paris qu’à Vienne dans un premier temps, il sera ensuite naturalisé français, élu membre de l’académie des Beaux-Arts et nommé professeur de fugue et de contrepoint au Conservatoire de Paris. Reconnu et respecté, il y formera une multitude de futurs (très) illustres musiciens, parmi lesquels Hector Berlioz, Franz Liszt, Charles Gounod, César Frank, ou encore Georges Onslow.

 

Georges Onslow, lui, né à Clermont Ferrand en 1784, étudia d’abord le piano à Londres, puis à Hambourg, où il est exilé en raison des activités royalistes de son père. Il fut notamment un élève de Cramer. Il apprit ensuite le violoncelle, fit un voyage en Allemagne et un séjour à Vienne avant de revenir en France et de commencer ses études avec Reicha, déjà riche d’un enseignement artistique aux esthétiques variées. Devenu sourd d’une oreille à la suite d’un accident de chasse – un autre lui coûtera la vie – et préférant la tranquilité de Clermont Ferrand à l’effervescence parisienne, celui qui fut appelé le « Beethoven français », le maître de la musique à la viennoise, fut bientôt dépassé par le succès de ses contemporains. Mais il laissa un grand nombre d’oeuvres de musique de chambre dans lesquelles transparaissent son amour pour le violoncelle ; il donne la part belle à cet instrument bien plus régulièrement que la plupart des compositeurs de son époque, donnant à sa musique un aspect plus touffu, plus sombre parfois, plus « romantique » sans doute.

César Frank, également élève de Reicha, sera celui qui confiera à Théodore Dubois la charge d’organiste-accompagnateur à Sainte-Clotilde, et qui lui offrira plus tard sa propre charge de maître de Chapelle, trouvant en lui un digne successeur. Dubois, né en Champagne en 1837, ayant fait ses classes à Reims puis à Paris, sera lauréat du grand prix de Rome et ne manquera pas cette occasion de partir enrichir ses visions artistiques en Italie, pour un séjour de deux ans dans les années 1860. Revenu en France, il y deviendra une figure majeure de la vie musicale française, pédagogue, auteur de traités d’harmonie, de basse et de contrepoint, professeur puis directeur du conservatoire de Paris, proche de Saint-Saens et de Fauré, prolifique compositeur pour de multiples formations. Ses « Petits rêves d’enfants » pour quatuor ou orchestre à cordes dénotent d’une écriture sincère et touchante, au charme légèrement désuet qui ne manque pas de brouiller les pistes et les frontières, entre musiques anciennes et musiques modernes.